Comment parler à son enfant des violences sexuelles ?

8 min. Violences sexuelles, abus sexuels, pédophilie

Évidemment, ce n’est pas facile de parler des violences sexuelles aux enfants. On ne sait pas par où commencer, comment en parler sans les effrayer… Et pourtant, la prévention est nécessaire.

Dans cet article :
> Aborder le sujet des violences sexuelles avec les enfants
> Pourquoi parler des violences sexuelles aux enfants ?
> Que doit-on dire à l'enfant ?
> Expliquer à l'enfant que les violences sexuelles sont interdites
> Comment créer un bon dialogue parents-enfants ?
> Comment réagir si votre enfant a été agressé ?
> 10 conseils Max et Lili « si un adulte t'embête »
> Livres « Max et Lili » sur les violences sexuelles et la pédophilie

Aborder le sujet des violences sexuelles avec les enfants

Dominique de Saint Mars, la maman de « Max et Lili », nous parle de ce sujet si délicat.

« Le plus souvent, les parents n’osent pas parler des violences sexuelles parce qu’ils ne savent pas comment aborder le sujet. Ce n’est pas si facile pour un parent de parler de sexualité, car on parle un peu de soi.

Les parents ont peur aussi d’effrayer l’enfant. Et ils pensent : « Ça n’arrivera pas si on n’en parle pas ». C’est le contraire, il faut en parler avant que ça n’arrive. Il faut rassurer en disant à l’enfant que les adultes sont là pour le protéger. C’est de la prévention. C’est en parlant qu’on brise la loi du silence. »

Pourquoi parler des violences sexuelles aux enfants ?

> Un enfant ne peut imaginer ce qu’est la sexualité. Il découvre en grandissant qu’il y a des parties du corps qui sont privées et que les câlins qu’on fait à un enfant n’ont rien à voir avec la sexualité entre adultes.  

> En sachant ce que sont les violences sexuelles, l’enfant reconnaîtra mieux les situations qui ne sont pas normales. Un enfant averti aura moins peur d’en parler. Penser que votre enfant peut se faire agresser est très dur, mais il aura moins peur s’il sait quoi faire si cela arrive.  

Que doit-on dire à l'enfant ?

> On peut lui dire que même si c’est rare, il existe des pédophiles, des gens malades dans leur tête qui ne respectent pas les enfants et veulent profiter d’eux. Qu’ils peuvent faire du mal en leur imposant des gestes sexuels qui ne sont pas de leur âge.

> On doit lui dire qu’il faut être tout de suite très méfiant si on lui demande de faire des choses en cachette et qu’on exige de lui le secret, souvent avec des menaces. Face à une situation de gêne, de chantage ou de danger, l’enfant doit savoir qu’il faut vite s’éloigner et en parler à un adulte de confiance.  

> Il est très important de dire aux filles comme aux garçons que personne n’a le droit d’imposer sa sexualité même si c’est quelqu’un de la famille, même si c’est un proche qu’on aime bien. (Nous savons que les incestes sont les cas les plus fréquents, bien plus que les pédophiles qui proposent des bonbons dans la rue.)

Expliquer à l'enfant que les violences sexuelles sont interdites

> Souvent, l’enfant ne sait pas vraiment qu'on n'a pas le droit de toucher leurs parties intimes. Il ne sait pas qu’il y a des adultes qui ont l’air gentil, mais qui ne le sont pas et qu’il n’est pas obligé d’obéir pour faire plaisir.  

> Il faut lui dire qu’il y a des limites claires : les adultes n’ont pas le droit de passer leur main sous les vêtements d’un enfant, de toucher leur sexe, leurs fesses ou leurs seins. Que ces gestes sont interdits et punis par la loi et qu’on peut déposer une plainte dans un commissariat de police. 

Comment créer un bon dialogue parents-enfants ?

> Si l’enfant sent que son parent est disponible pour lui, il prendra l’habitude de parler de ce qu’il ressent, sans peur et sans honte. Le parent doit prendre le temps de discuter avec lui pour qu’il apprenne à dire non et à se protéger. En cas de problème, l’enfant activera ses signaux d’alerte et il aura plus envie de se confier.

> Si l’enfant n’a pas peur d’être grondé ou que l’on se moque de lui, il osera parler de ce qui le tracasse. 

> C’est aussi important que l’enfant sache qu’il peut toujours trouver un adulte de confiance à qui parler. Si un jour quelque chose arrive quand il est par exemple en camp de vacances et qu’on ne le croit pas, il aura alors le réflexe de parler à quelqu’un d’autre qui le comprendra.  

Comment réagir si votre enfant a été agressé ?

> Parfois, l’enfant n’en parle pas tout de suite, mais son comportement peut changer d’un seul coup. Il dort mal, n’a plus faim ou il mange trop, il est triste et se dévalorise. Il refuse d’aller chez ses amis ou quelqu’un de la famille. C’est sa façon d’envoyer un signal.  

> L’enfant peut avoir peur, être en colère ou gêné de dire ce qui lui est arrivé. Parfois il peut penser qu’il a fait quelque chose de mal. Il ne faut évidemment pas le gronder ou le culpabiliser, mais lui montrer que vous lui faites confiance et que vous allez l’aider.  

> Il faut surtout lui dire que ce n’est pas de sa faute, que c’est l’agresseur qui l’a mis dans cette situation et pas lui.  

> Il faut toujours féliciter un enfant d’avoir parlé s’il a été victime de gestes d’abus. 

> C’est très important que l’enfant voie un psychologue ou un pédopsychiatre qui l’aidera.