Comment parler à son enfant des images pornographiques qu'il pourrait voir ?
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Pornographie, images pornographiques, sexualité, traumatisme enfant
Malheureusement, inutile de se voiler la face : aujourd’hui, c’est en moyenne à l’âge de 10 ans qu’un enfant tombe pour la première fois par hasard ou volontairement sur un contenu pornographique.
Aborder le sujet de la pornographie
Dominique de Saint Mars, auteure de la collection « Max et Lili », véritable petite encyclopédie de la vie, nous aide à aborder ce sujet avec les enfants avant qu’ils soient exposés à ces images choquantes ou s’ils y ont déjà été confrontés.
« Les parents ne le savent pas toujours, mais beaucoup d’enfants sont exposés sur Internet à des images pornographiques, qui peuvent s’afficher sans prévenir sur les écrans d’ordinateur… L’enfant se retrouve devant des images au pouvoir dévastateur, qu’il est incapable de comprendre.
Ces images, difficiles à oublier, peuvent restées gravées dans sa mémoire ou être refoulées et ressortir plus tard. Par leur violence, elles choquent et peuvent provoquer un traumatisme. Le développement émotionnel et psychologique de l’enfant peut en être gravement perturbé.
La réaction et l’implication des parents est primordiale. Ils doivent en parler pour protéger leur enfant et l’aider à verbaliser ce qu’il a ressenti s’il est tombé sur ces images ou ce qu’il pourrait ressentir s’il en voit un jour. Les enfants peuvent difficilement comprendre ce qu’ils ne vivent pas encore dans leur corps. Il faut qu’ils sachent que ce qu’il se passe dans une relation amoureuse ne correspond pas aux images auxquelles ils peuvent être confrontés sur Internet. »
Comment protéger les enfants ?
> C’est plus sûr de ne pas laisser les enfants utiliser un ordinateur s’il est connecté à Internet.
> Les outils de contrôle parental permettent de filtrer les sites auxquels les enfants ont accès, dont les sites pornographiques, interdits aux moins de 18 ans.
Malheureusement, ces outils ne suffisent pas, car des fenêtres pop-up s’ouvrent parfois accidentellement sur les écrans.
> L’enfant peut aussi, à l’école, voir des images pornographiques que d’autres enfants, parfois plus grands, lui montrent. Et la curiosité de l’enfant pour la sexualité est bien connue et normale.
> Il faut dire à l’enfant qu’il peut tomber par hasard sur des images choquantes ou violentes et qu’il faut tout de suite les prévenir pour pouvoir en discuter ensemble si c'est le cas.
> Plus les parents parleront tôt avec l’enfant des questions liées à la sexualité, plus il aura des repères. Le dialogue parents-enfants est primordial. Il faut parler du respect de l’autre, du consentement, de ce qui est interdit. L’enfant doit savoir que la vie sexuelle est une relation entre deux êtres qui s’aiment. Il doit comprendre que ce qu’on voit dans les films pornographiques n’est pas la réalité et n’a rien à voir avec ce qui existe entre deux amoureux.
> Ne pas hésiter à revenir sur le sujet de temps en temps. Ce n’est pas parce qu’on l'a abordé une fois qu’on peut se dire : « Ouf, c’est fait ! »
Comment réagit si votre enfant a vu des images pornographiques ?
> La réaction des parents est déterminante pour l’enfant. S’il se rend compte de votre affolement, si le sujet semble tabou ou si vous le grondez, cela peut engendrer chez lui de la culpabilité, de la peur et de la honte.
> Si l’enfant voit que ses parents restent calmes, qu’ils le félicitent d’en avoir parlé et qu’ils sont à l’écoute quand il aborde ce sujet perturbant, cela le rassurera et l’encouragera à parler pour expliquer ce qu’il a ressenti. Le rôle du parent est d’expliquer pour protéger.
> On doit dire clairement que ces images sont fabriquées, qu'elles sont fausses et sans sentiment. Les hommes y sont représentés comme des héros qui sont en plus souvent violents avec les femmes. Ces images n’ont rien à voir avec un vrai acte d’amour, une relation d’intimité qui existe entre deux personnes qui s’aiment et se respectent. Si l’enfant est confronté à des contenus pornographiques, il saura que c’est de la fiction, que ce sont des acteurs payés pour faire un film et qu’il faut prendre du recul.
> L’enfant doit savoir ce que sont des relations intimes normales : le consentement, la tendresse, la douceur, les caresses, le plaisir.
> Ce qui intéresse l’enfant, c’est le rapport entre sexualité et procréation. Il existe des encyclopédies pour enfant avec des pages sur la sexualité qu’il préférera peut-être consulter tout seul par pudeur. C’est important qu'il comprenne qu’il vient d’un acte d’amour, pas de relations violentes.
> Il ne s’agit pas de devancer les questions de l'enfant, mais d’expliquer ce qu’il aurait pu entendre ou voir.
Quelles pourraient être les conséquences ?
> Si le traumatisme n’est pas verbalisé, l’enfant reste seul avec dans la tête des images qu’il ne peut pas effacer. Son comportement peut en être affecté : cauchemars, échec scolaire, crise d’angoisse, troubles du sommeil…
Mais les conséquences peuvent aussi surgir quelques années plus tard.
> Des images pornographiques qui n’ont pas été expliquées peuvent développer chez l’enfant de l’angoisse, de l’incompréhension, du dégoût, de la honte, de la confusion. L’enfant a besoin qu’on le rassure et qu’on lui explique ce qu’il a vu.
> L’enfant n’a aucune idée de ce qu’est une relation intime si on ne lui explique pas. S'il pense que ces images pornographiques sont normales, qu’elles sont la réalité, sa représentation de la sexualité sera complètement déformée. Il peut, plus tard, penser que ce qu’il a vu est normal, et par mimétisme vouloir agir de même. Sa sexualité risque évidemment d’en être fortement impactée. Il pourrait faire complètement abstraction de la notion de consentement, qui n’existe pas dans les films pornographiques.
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